Artiste d’origine colombienne établi à Chicoutimi (Québec, Canada) depuis 2011, Paolo Almario développe une pratique transdisciplinaire où technologies numériques, systèmes robotiques et critique sociale interrogent la spatialité de l’être — la relation dynamique entre l’individu et ses espaces habités, physiques ou métaphoriques. Diplômé de la Facultad de Arquitectura y Diseño de l’Universidad de los Andes (Bogotá, Colombie), il affine sa démarche via une maîtrise en arts (2014) à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), où il enseigne aujourd’hui au Département des arts, des lettres et du langage.
Ses œuvres — installations, logiciels génératifs et mécanismes automatisés — explorent l’identité, les structures socio-politiques et l’entropie des interactions humain-machine. Ses ”machines infatigables”, aux gestes méthodiques et programmés, altèrent les œuvres par ajout ou soustraction de matière, incarnant l’impermanence et la déconstruction systémique. Marqué par le contexte socio-politique colombien et son parcours de réfugié (statut obtenu au Canada en 2015) puis de citoyen (naturalisé Canadien en 2022), sa pratique révèle, par la métaphore poétique, la complexité destructrice des rapports de pouvoir.
Récipiendaire du Prix du CALQ : Créateur de l’année (Saguenay–Lac-Saint-Jean, 2018) et soutenu à plusieurs reprises par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts et lettres du Québec, son travail a été exposé internationalement (Canada, Colombie, France, Italie, Maroc, Belgique, Thaïlande). En 2021, il cofonde Ubchihica, premier centre de recherche-création en arts numériques à Chicoutimi, et préside le Conseil des arts de Saguenay, militant pour l’innovation culturelle.
Démarche
Au cœur de ma pratique réside une obsession pour la spatialité de l’être. J’étudie comment l’individu négocie son existence au sein d’environnements construits — naturels, architecturaux, numériques ou socio-politiques. Par des algorithmes sur mesure, des systèmes robotiques et des installations interactives, je dissèque l’interaction entre l’agentivité humaine et les systèmes qui cherchent à la contenir, la définir ou l’effacer.
Mes machines sont à la fois collaboratrices et antagonistes. Programmé·es pour répéter des gestes infinis et précis (graver, effacer, réassembler), elles transforment des données brutes (scans biométriques, capteurs environnementaux) en œuvres en évolution. Une caméra capture un visage ; un bras robotique corrode son reflet projeté. Un solénoïde arrache des modules à une grille, pixelisant l’identité en absence. Ces processus matérialisent l’entropie non comme chaos, mais comme une fatalité programmée, miroir de la fragilité mémorielle et identitaire dans les sociétés numérisées.
Ancré dans mon héritage colombien et mon expérience de réfugié, mon travail critique les asymétries de pouvoir. La « spatialité » que j’interroge dépasse les lieux physiques pour englober les récits marginalisés, les territoires contestés et les infrastructures numériques de surveillance ou d’exclusion. En fusionnant rigueur architecturale et esthétique glitch, j’invite le public à confronter sa complicité dans les systèmes de contrôle tout en imaginant des espaces de résistance.
À travers mon art, je cultive des dialogues où technologie et théorie critique se rencontrent. L’art y devient un terrain d’expérimentation pour reconquérir notre agentivité à l’ère du déterminisme algorithmique — une machine implacable, une frontière destabilisée à la fois.
Atelier Paolo Almario
394 rue Racine Est, 3e Étage
Chicoutimi, QC, G7H 1Y9
Canada